RÉFLEXIONS AUTOUR DU REPLI SUR SOI OU LE SYNDROME HIKIKOMORI.

« ALLÔ, JE NE SAIS PLUS QUOI FAIRE, MON ENFANT N’ARRIVE PLUS À ALLER À L’ÉCOLE… »

COMPLÈTEMENT DÉSEMPARÉS, PLUSIEURS PARENTS SE SONT ADRESSÉS AU POINT D’EAU AVEC CETTE SITUATION D’UN FILS/FILLE EN RUPTURE SOCIALE.

Comment cela est-il arrivé et comment comprendre ce repli sur soi ?

Dès notre naissance, nous appartenons à une famille et nous sommes reliés à nos parents, nous faisons partie d’un quartier, d’une ville : le projet de Dieu pour l’être humain est un projet de relations.

Lors des premières séances en art-thérapie, ces jeunes m’ont confié leurs difficultés à affronter le monde et à le comprendre. L’un me racontait qu’il ne comprenait pas ces guerres incessantes sur la terre, une autre les différences de race, de nationalité ou de sexe entre les êtres humains. Pourquoi Dieu a-t-il créé des séparations et des distances ?

Ils façonnaient alors une poignée cassée en argile, peignaient un nid caché tout en haut d’un arbre recouvert de feuillage ou dessinaient un pied perdu dans un nuage, parlant ainsi de leur sentiment de fragilité et d’impuissance.

Ces jeunes très sensibles, blessés par des expériences sociales ressenties comme brutales, s’enferment et s’isolent. L’existence semble trop lourde à porter car ils ont de la peine à affronter la nécessité de la performance et du dépassement de soi demandés par une société occidentale individualisée.

Leur vie psychique n’a été que peu construite. En effet, ils n’ont été que peu confrontés à de l’opposition. Ils n’ont vécu que peu le sentiment de frustration et leur volonté n’a pas été engagée. Ils ont suivi ce qui leur était demandé en s’y adaptant, sous une forme d’obéissance ou d’imitation, comme une façade lisse, sans rien relier à l’expérience du corps.

Lors des séances en artthérapie, on va toucher la matière, se connecter à ses ressentis et les exprimer par des créations. Le concret du ressenti corporel va être mis en lien avec des mots qui vont parler de ces formes. Ces jeunes vont se mettre à jouer, à dialoguer avec eux-mêmes et ainsi développer leur espace intérieur qui va pouvoir accueillir et transformer les sensations et les émotions.

« Si on ne peut être, c’est-à-dire avoir un espace intime dans lequel se constitue le sentiment d’exister, on ne peut faire ( on reste dans une position passive face à la vie ) » nous dit Sophie Braun dans son livre « La tentation du repli » ( 2021 ).

Durant la séance, le jeune va également pouvoir partager son imaginaire avec le thérapeute dans un espace à deux, espace transitionnel sécurisant. Ce sera le début de ce processus qui permettra de reprendre confiance en soi et en l’autre, de tisser à nouveau des relations mais aussi de lier ce qui se passe dans le corps avec le psychisme.

Les différences ( séparations et distances ) créées et voulues par Dieu servent justement à entrer en relation et à échanger : je donne ce que j’ai et je reçois ce que je n’ai pas. C’est ce projet de partage dans lequel Dieu nous invite à entrer.

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle » ( Jean 3: 16 ).




 

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